À quelques jours de sa participation à la sélection belge pour l'Eurovision, Mentissa a répondu à nos questions. De la naissance du titre Désolée à la préparation pour le showcase du 25 janvier, elle nous dit tout !

Le 14 novembre, vous avez officialisé votre participation à la sélection belge pour l’Eurovision. Depuis quand le saviez-vous ?
Avec le label, on a décidé de se lancer vers fin août ou début septembre. Ensuite, on a envoyé les chansons et on a reçu une réponse positive aux alentours de début novembre.
C’est donc la VRT (NDLR : diffuseur flamand) qui a choisi la chanson Désolée ?
En fait, on choisit tous ensemble. Quand on choisit d’envoyer deux chansons, ce sont forcément deux chansons auxquelles on croit fort. Ensuite, eux donnent leur préférence. J’aurais été contente quel que soit leur choix. Je ne m’attendais pas à ce qu’ils choisissent Désolée. L’autre chanson était en anglais. Il me semble que la Belgique a rarement envoyé des chansons en français récemment, donc je pensais plutôt qu’ils allaient opter pour l’autre, mais j’étais très heureuse de voir que finalement le français leur parlait aussi.
Vous n’êtes que deux cette année à avoir choisi de chanter en français, contre 6 chansons en anglais. Pensez-vous que cela puisse être un désavantage ?
Je ne crois pas. Je pense que c’est vraiment la chanson qui doit parler avant tout. La langue, ça n’a pas trop d’importance. C’est la musique et la mélodie qui vont faire que les gens vont aimer ou non, adhérer ou non à la chanson.
C’est dommage de n’avoir aucune chanson en néerlandais, quand même !
Il n’y a pas eu beaucoup de chansons en néerlandais ces dernières années, je crois. Quelques-unes il y a longtemps, mais très vite les Belges ont décidé de plutôt se ranger du côté du français ou de l’anglais. Je ne sais pas pourquoi. Je me suis posée la même question. Ce serait cool d’avoir une fois à nouveau une chanson en néerlandais. Le public flamand apprécierait.
C’est peut-être la même logique que celle de l’Allemagne. Ce sont des sonorités auxquelles on est moins habituées et qui n’ont pas le côté « glamour » du français ou de l’italien, par exemple.
C’est peut-être une histoire de compréhension ! Je pense que les artistes se projettent beaucoup dans l’après. Si tu participes avec une chanson en anglais, c’est plus facile de trouver un public plus large.
Moi, je suis très fan d’artistes flamands, parce que j’ai grandi en Flandre et que je parle flamand. Je trouve même que c’est une langue qui peut très bien sonner. Il y a de très belles chansons en flamand.
Cette autre chanson que vous aviez proposée, vous pensez que vous allez en faire quelque chose après ?
Je pense bien. Vraiment, j’adore cette chanson. Je ne vais pas la jeter à la poubelle. Elle servira probablement sur le deuxième album.
« Ils pensent que Désolée est peut-être seulement une chanson écrite pour l’Eurovision. Pour moi, c’est aussi le single qui annonce mon deuxième album. »
Vous parlez d’un deuxième album. Est-ce que cela signifie que Désolée en sera le premier titre ?
Exactement ! C’est vrai que dans la communication, pour l’instant, les gens sont un peu confus. Ils pensent que Désolée est peut-être seulement une chanson écrite pour l’Eurovision. Pour moi, c’est aussi le single qui annonce mon deuxième album.
Alors l’Eurosong n’est pas uniquement une sélection à l’Eurovision pour vous ?
Tout à fait. Pour moi, il y a réellement deux projets parallèles. Il y a le projet Eurovision et le projet album. Je suis déjà très contente de faire partie des huit derniers de l’Eurosong. Je pense qu’en Flandre, on ne me connaît pas tant que ça. Que je gagne ou pas, j’aurai quand même gagné en exposition ici. Ce qui compte, c’est que mon projet continue ! Je suis heureuse de présenter mon prochain single.
L’Eurovision, vous y pensez déjà ou vous préférez y aller étape par étape ?
J’y vais vraiment étape par étape ! Quand on s’engage dans des projets comme celui-là, ou comme les Victoires de la Musique ou les NRJ Music Awards par exemple, trop se projeter dans une potentielle victoire, ça n’aide pas. On risque d’être déçu. Je préfère vraiment vivre l’aventure au jour le jour.
On passe un super moment avec les autres candidats. On s’est liés d’une forte amitié. La suite, j’essaye de ne pas trop y penser. Je veux être dans le moment présent et profiter de chaque instant.
Les deux soirées de présentation diffusées le 18 et le 25 janvier ont été tournées en décembre. Vous avez donc déjà entendu les titres des autres candidats. La concurrence est rude ?
Début décembre, on nous avait organisé une journée de team building pour apprendre à se connaître. On a eu l’occasion d’être tous ensemble en voiture et d’écouter les morceaux des uns et des autres. C’est peut-être l’une des choses que j’attendais le plus : découvrir ce que les autres avaient à proposer.
« Et oui, je peux le dire, la concurrence est rude ! Il y a énormément de talent et chaque artiste a une vraie proposition. »
Et oui, je peux le dire, la concurrence est rude ! Il y a énormément de talent et chaque artiste a une vraie proposition. Aucun ne ressemble à un autre. C’est rassurant, je trouve ! Quel que soit l’artiste choisi par le public, il le sera pour ce qu’il est vraiment, sa personnalité, sa patte, son style. Mais vraiment, ça va être très dur.
Quatre extraits sont déjà en ligne, celui de Désolée sortira le 20 janvier. C’est plutôt source d’excitation ou d’appréhension ?
Un peu des deux. Je pense que quand on a une nouvelle chanson qui sort, à chaque fois, on a cette dualité en nous. Je suis à la fois très excitée, parce que les gens demandent : « Alors, Mentissa, quand est-ce que tu sors quelque chose ? » Et là, j’ai enfin cette bonne nouvelle à leur annoncer. Je suis de retour ! Mais en même temps, je ne sais pas du tout comment les gens vont réagir, donc il y a toujours de l’appréhension. Surtout qu’on a décidé de partir dans une direction musicale assez différente de ce que je fais d’habitude. Je suis curieuse des retours sur cette nouvelle chanson.
Comme souvent, vous avez travaillé avec Vianney.
Vianney n’est jamais loin ! (rires)
Comment se passent les collaborations avec Vianney ? Qui de vous deux arrive avec l’idée et prend les devants ?
Un peu des deux ! C’est la première chanson où on a vraiment coécrit. C’est une autre manière de collaborer qui est intéressante, parce que j’ai pu mettre ma patte. J’ai l’impression qu’on a commencé à créer un univers qui me ressemble de plus en plus.
Qu’est-ce qui fait la différence de Désolée avec ce que l’on connaît déjà de vous ?
J’avais envie de proposer une palette plus large. Tout ce que j’ai fait jusqu’à présent, la chanson française, les ballades... c’est aussi moi ! On trouvera forcément encore ce genre de chansons. Mais il y a un côté plus pop que je n’ai pas encore pu complètement explorer. Désolée, c’est un vrai parti pris d’une chanson très pop, très catchy, très dansante ! C’est une facette de mon paysage musical que je n’ai pas encore eu vraiment l’occasion de montrer.

En 2023, vous auriez déclaré : « Représenter un pays, c’est une responsabilité énorme que je ne suis pas sûre de vouloir prendre ». Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?
Je ne me rappelle pas exactement tout ce que j’ai dit (rires), mais il est possible que j’aie dit ça. Pour l’Eurovision comme pour n’importe quelle aventure dans laquelle on choisit de s’engager, il faut être prêt mentalement. À l’époque, je n’avais pas encore fait de tournée, mon album venait de sortir. J’étais au tout début. Je pense que je n’avais pas les épaules pour pouvoir prétendre à l’Eurovision.
Quand on m’a posé cette question, j’ai dû me dire : « Loin de moi l’idée de croire que j’ai cette capacité-là ! » Quand je fais quelque chose, je le fais à fond. Je ne sais pas faire les choses à moitié. Je ne sais pas si à cette époque-là, mentalement, j’avais l’espace suffisant pour représenter mon pays à l’Eurovision.
Aujourd’hui, c’est une autre histoire ! (rires) Il s’est passé tellement de choses auxquelles je ne m’attendais pas du tout. Les Enfoirés, être coach à The Voice Belgique... Toutes ces choses qui sont arrivées ont fait que je me sens prête maintenant. Quand on m’a appelée pour me le proposer, je me suis dit : « Il y a deux ans, j’aurais dit non, mais finalement, pourquoi pas ! »
Qui vous l’a proposé ?
En fait, ce sont deux choses qui sont arrivées à peu près au même moment. D’abord, mon manager a commencé à tâter le terrain en me parlant de l’Eurovision en général, en me demandant si je serais partante. Je lui ai répondu qu’on verrait au moment venu selon mon ressenti. Et quelques semaines plus tard, la VRT a commencé à chercher des artistes pour la sélection à l’Eurovision. J’ai trouvé ça dingue que ça arrive quelques semaines seulement après qu’on en a parlé pour la première fois ! J’ai pris ça comme un signe de l’univers et j’ai dit :« Bon, contactons-les ! »
« J’ai toujours dit que si je faisais un jour l’Eurovision, ce serait pour mon pays. Je suis très fière d’être belge. Mais je ne vais pas mentir, si la France m’avait appelée, ce n’est pas une opportunité que j’aurais refusée. »
Et si on vous avait proposé de représenter la France, vous auriez accepté ?
Je ne sais pas. Je pense que oui. J’ai toujours dit que si je faisais un jour l’Eurovision, ce serait pour mon pays. Je suis très fière d’être belge. Mais je ne vais pas mentir, si la France m’avait appelée, ce n’est pas une opportunité que j’aurais refusée. Je me serais quand même sentie un peu coupable.
Vous avez une relation particulière avec la France.
Je dois beaucoup à la France musicalement.
Slimane dit que vous êtes l’une des « plus belles voix de France ». C’est un beau compliment, mais... « de France » ?
Pour moi, ça n’a pas d’importance. On peut me qualifier de plus belle voix de France, de Belgique, de Denderleeuw (le village dans lequel j’ai grandi). (rires) Je ne me suis jamais arrêtée à ça. La musique, c’est la musique. Peu importe où elle résonne. Si elle peut résonner partout, tant mieux ! Je suis surtout très contente et reconnaissante de pouvoir faire autant de choses en France.
Il y a un peu de stress avant l’Eurosong ?
Il y a beaucoup, beaucoup de stress ! (rires) Je trouve ça assez bizarre parce que même si ça ne fait pas longtemps que je fais ce métier, j’en ai fait des choses. J’ai déjà fait des concours. Au début, l’idée de participer ne me stressait pas, mais maintenant que je suis dedans... C’est peut-être l’une des expériences musicales qui me stresse le plus.
C’est l’enjeu qui met davantage de pression ?
Je n’ai jamais vraiment été très « compét’ ». L’idée de gagner me ferait extrêmement plaisir, bien sûr, mais ce n’est pas gagner ou perdre qui me stresse. Il y a une pression particulière sur ce concours. Quand tu sors ta musique, tu la sors pour toi et tu dis « qui m’aime me suive ». Dans le cadre de l’Eurovision, il y a quand même tout un pays (et même d’autres pays !) qui regarde, qui scrute, qui va analyser, dire oui ou non... C’est spécial de présenter une chanson dans ce cadre. Tu as l’impression que les gens vont être plus durs parce qu’à l’Eurovision, c’est comme ça, on aime ou on n'aime pas.
Et puis, c’est aussi que j’ai envie de faire une performance dont je serai fière, que je gagne ou non.
On peut donc s’attendre à une chorégraphie, à un staging un peu différent ?
Différent de ce dans quoi on a l’habitude de me voir, oui ! On a la chance d’avoir de super équipes au sein du comité Eurosong. Il y a un chorégraphe, des gens qui s’occupent de la mise en scène, de la lumière, du stylisme, du chant... C’est un boulot que je n’avais encore jamais connu, même en tournée.
On a vraiment hâte de voir ça !
Ah oui, là j’ai vendu le truc... (rires)
Savez-vous que beaucoup vous considèrent favorite de l’Eurosong ?
C’est très flatteur d’avoir des gens qui me soutiennent ! Mais ils se fient peut-être à ce que j’ai fait avant, j’ai envie de leur dire d’attendre un peu. (rires) On propose quelque chose d’assez différent. Je préfère que les gens se fassent une idée une fois qu’ils auront écouté Désolée.
Je n’avais pas prévu qu’il y aurait autant de réactions à ma participation. Je ne suis pas sur Twitter, ce sont des proches qui me l’ont dit. Quand je l’ai su, je me suis dit : « Là, tu ne peux vraiment pas te planter. Tu n’as pas d’autre choix que d’être au top. » Je ne sais pas si ça me rend service ou pas. On fera avec ! (rires)
« Cette chanson, quand on l’a écrite avec Vianney, ce n’était pas du tout avec l’idée de faire l’Eurovision. On l’a écrite pour se faire plaisir, pour faire de la musique, pour le nouvel album. »
Vous êtes plutôt contente de la prestation que vous avez délivrée à l’enregistrement du showcase ?
C’était même mieux que ce que je pensais ! On a eu l’occasion de réécouter après et j’ai trouvé ça pas mal. C’est vrai qu’aux répétitions, j’avais du mal. Le stress, la respiration... C’était un exercice nouveau pour moi, et clairement, je sentais que je sortais de ma zone de confort. Cette chanson, quand on l’a écrite avec Vianney, ce n’était pas du tout avec l’idée de faire l’Eurovision. On l’a écrite pour se faire plaisir, pour faire de la musique, pour le nouvel album. Donc, en studio, elle n’a pas été conçue avec les bons endroits pour respirer, par exemple. Je me suis retrouvée sur scène avec des moments compliqués au niveau de la respiration, parce que je n’y avais pas pensé avant.
Vous avez prévu quelque chose de spécial pour la diffusion des showcases ?
Pour le premier showcase de samedi, je n’ai rien de prévu. Mais pour le deuxième showcase, comme c’est aussi la date de sortie de mon single et des singles de tous les candidats, on s’est dit qu’on allait se rassembler pour vivre le « release day » tous ensemble. Le fait qu’il n’y ait aucune compétition et qu’on soit juste là les uns pour les autres, ça aide vraiment.
À quoi ressemblent vos journées en ce moment ? Plutôt préparation pour l’Eurosong ou travail sur le deuxième album ?
Jusqu’au 1er février, on a mis l’album en stand-by. Je suis en mode entraînement à la Rocky. Je me réveille, j’essaye d’aller faire un peu mon sport, je vais courir parce que je pense que ça peut aider pour la respiration.
Pour les préenregistrements de décembre, si tu perdais tes moyens, tu avais toujours la possibilité de recommencer. Même si on était dans les conditions du direct, on avait moins de pression. En live, tu sais que si tu te plantes, tu te plantes. Mais je pense que de temps en temps, c’est bien aussi de se dire qu’on ne peut plus faire marche arrière.
Vous avez déjà une date de sortie pour le deuxième album ?
On aimerait que ça sorte dans l’année. Le but, c'est quand même de ne pas se presser. Un deuxième album, on n'en a qu’un, il faut que ce soit bien fait. Il faut prendre le temps, prendre les bonnes décisions.

L’Eurovision, c’est une passion d’enfance ou c’est venu plus tard ?
J’ai beaucoup regardé. Je ne vais pas non plus dire que je suis la « Big Eurovision Fan » et que j’ai regardé toutes les éditions (rires), mais j’ai quand même souvent regardé avec ma maman. J’ai toujours trouvé ça incroyable qu’on ait un concours international. Avant, c’était le but ultime d’un artiste.
Maintenant, je suis surtout très fan de ce que l’Eurovision permet de faire aux artistes : venir, être soi-même, avoir une liberté d’expression musicale et montrer son identité...
Y a-t-il des chansons qui vous ont particulièrement marquée ?
Oui, mais plutôt sur des éditions récentes. Quand j’ai commencé à chanter, je suis devenue plus attentive à ce qui se faisait à l’Eurovision. Je me souviens d’une chanteuse, Elhaida Dani, qui a représenté l’Albanie avec une chanson qui s’appelle I’m Alive. C’est une chanson qui m’a beaucoup touchée. J’étais très fan aussi de Loïc Nottet avec Rhythm Inside, de Blanche, de Barbara Pravi. Et puis Loreen, que ce soit avec Euphoria ou Tattoo, je suis très fan.
Mais je pense que l’une des chansons que j’aime le plus et que j’écoute encore, c’est Tout l’Univers de Gjon’s Tears. Je trouve cette chanson magnifique. Elle est encore dans ma playlist aujourd’hui et je l’écoute en boucle !
Une idée de qui pourrait représenter la France cette année ?
Pas du tout, vraiment pas du tout ! J’ai hâte de savoir. J’avais vu des rumeurs qui parlaient de Louane, ou peut-être de Lénie. Mais des rumeurs sur l’Eurovision, il y en a plein et à la fin, on ne sait plus. Dernièrement, j’ai vu une rumeur qui disait que ce serait peut-être Solann. Je trouverais ça assez cool. Ce serait intéressant que la France envoie une fille comme ça, elle a vraiment son truc à elle.
L’édition 2024 a été ultra-tendue. Les artistes sont sortis lessivés, déprimés. L’UER a décidé de mettre en place des « mesures de bien-être » pour les artistes. Dans l’éventualité où vous iriez à l’Eurovision, c’est quelque chose qui vous inquiète ?
Non. Je ne me fais pas trop de soucis, aussi parce que j’ai la chance d’avoir une équipe qui fait attention à ma santé mentale. C’est l’un des rares évènements où plein de pays se retrouvent pour célébrer l’amour de la musique. J’ai envie de me concentrer là-dessus. J’avoue que je ne me suis pas projetée jusqu’à l’Eurovision, mais en y pensant maintenant, je ne me fais aucun souci. Si je pouvais y aller, j’irais avec beaucoup d’impatience, beaucoup d’amour à donner et à recevoir. J’ai surtout hâte de la suite parce qu’un nouveau chapitre commence pour moi dans tous les cas.
Nous remercions chaleureusement Mentissa de nous avoir accordé cette interview et pour sa très grande gentillesse. Nous sommes tous avec toi !
Suivez le showcase des 4 premiers candidats de l'Eurosong ce samedi 18 janvier à 20h45 sur VRT. Et restez connectés ! Un extrait de Désolée sera mis en ligne le 20 janvier en attendant sa sortie officielle le 25.